Ce que je crois, moi, c’est que le bon angle d’attaque est de dire aux gens qui votent FN ou qui sont tentés de le faire : «votre voix ne sera pas entendue ; vos candidats ne bénéficieront, dans le cadre des prochaines législatives par exemple, d’aucune alliance ou report».
En quoi le FN est-il, selon vous, crypto-fasciste ?
Il l’est par sa rhétorique. Par ce ton de haine et de violence qui l’habite et qui ressort à la moindre occasion. Il l’est par la tonalité très «factieuse», par exemple, des attaques de Marine Le Pen contre le Président de la République. […]
Ni Mélenchon, ni Joly ne touchent aux fondamentaux de la République. Ni l’un ni l’autre ne sont opposés, que je sache, à la démocratie parlementaire. […]
Alors, quel bilan tirez-vous de trente ans de mobilisation ?
On ne fait jamais l’histoire des catastrophes évitées. Pour l’heure, la droite parlementaire tient bon. Et c’est heureux. Car, à la moindre défaillance, elle est morte. La droite fascisante de Marine Le Pen n’attend qu’un faux pas, un discours de compromis, un vague groupe de candidats à la députation annonçant que, dans le cadre d’une triangulaire perdue, ils considéreraient le candidat frontiste comme un moindre mal, pour tirer à vue et la détruire. N’oubliez jamais ce théorème qui est l’un des théorèmes du XX° siècle. Le grand adversaire de l’extrême droite, ce n’est jamais la gauche, c’est la droite. Ou, pour le dire autrement : c’est la gauche qui scande «le fascisme ne passera pas» ; mais c’est la droite qui, de fait, l’empêche ou non de passer. Regardez l’Histoire. Quand la droite libérale a tenu, le fascisme a été bloqué. Quand la droite libérale a composé, le fascisme est passé. […]